La création (1917 – 1920)

Né au cœur de la Première Guerre Mondiale, l’Institut d’Optique est le grand projet d’un homme : Armand de Guiche, futur duc de Gramont (1879 – 1962).

Armand, duc de Guiche, peint par Philip Alexius de Laszlo en 1902

Ce gentilhomme et aristocrate, ami proche de Marcel Proust, passionné de sciences, crée un laboratoire d’aérodynamique suite à son doctorat. Le duc de Guiche rejoint la Section technique de l’aéronautique sous les drapeaux  ; il y rencontre le grand astronome Henri Chrétien (1879-1956), et s’émeut avec lui du retard considérable qu’accuse l’industrie optique française face à l’opposant allemand et le succès de l’association Abbe-Schott-Zeiss. Le duc transforme alors sa station d’essais aérodynamiques en laboratoire d’optique, mais commence à voir plus loin.

Favorable à la création d’un établissement dédié à l’enseignement de l’optique instrumentale, Armand de Guiche expose son projet à Paul Painlevé, Ministre de l’Instruction Publique, des Beaux-Arts et des Inventions intéressant la Défense Nationale, ses collègues Ministre du Commerce, de la Guerre et de la Marine, le général Roques et l’amiral Lacaze, lors d’un déjeuner resté célèbre le samedi 21 octobre 1916, au restaurant Lapérouse, quai des Grands Augustins à Paris.

L’invitation envoyée à Armand de Guiche par Paul Painlevé, pour un déjeuner le samedi 21 octobre 1916 au restaurant Lapérouse, quai des Grands Augustins.

Suite à cette rencontre, une commission interministérielle est créée le 16 novembre 1916, et sa présidence attribuée au Général Bourgeois, directeur du Service Géographique de l’Armée, qui centralise alors toute la production de l’industrie optique en France. Son rôle est alors de définir les statuts et les programmes du futur Institut.

Le projet prévoit un établissement divisé en trois sections :

  1. Une École Supérieure d’Optique qui formerait des ingénieurs opticiens au courant des théories optiques les plus modernes, et répandrait chez les étudiants le goût des recherches d’optique ;
  2. Un Laboratoire Central d’Optique où se ferait pour le compte des savants, des pouvoirs publics, et des industriels l’examen des appareils et des verres, ainsi que des recherches d’intérêt général ;
  3. Une École Professionnelle qui formerait des ouvriers connaissant toutes les spécialités de leur métier.

Une déclaration préalable à l’ouverture d’un « Institut d’Optique », siégant 23, rue de l’Université, Paris 7e, avec projets de statuts est déposée en préfecture le 30 octobre 1917 : c’est la naissance de l’Institut d’Optique.

Matériellement, ses activités ne démarreront qu’après la guerre. D’abord logé en 1919 dans l’ancien immeuble de l’Ecole de Génie maritime, il déménage au 120, boulevard du Montparnasse en 1920, locaux qui bien vite seront trop petits.

En 1924, la Ville de Paris met à la disposition de l’Institut d’Optique un terrain situé à l’angle du boulevard Pasteur et de la rue de Sèvres, sur lequel sera bâti le futur Institut, inauguré en 1927.

Le bâtiment du boulevard Pasteur en construction, circa 1925.